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Rencontre au gré des vagues [Orazio]
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Lun 24 Sep 2018 - 21:44

La plage, sans doute l'un des rares endroits que j'affectionnais un tant soit peu. C'était loin des habitations, loin de cette maison vide où j'attendais tel un lion en cage que l'on vienne m'attribuer celui ou celle qui devrait être mon âme soeur.  Cette simple idée me donnait mal au coeur. Je voulais partir, quitter cet endroit. Rentrer chez moi et retrouver mon chat. Et... en vérité c'était tout. Je ne savais même pas ce que je ferais si je n'étais plus ici, mais le seul fait de retrouver ma liberté me conviendrait totalement. Ici, j'avais l'impression d'être surveillée, que l'on écoutait ce que je disais ou même que l'on voulait m'imposer des choses dont je ne voulais pas tout en me privant de toute indépendance. Et c'est donc pour cela que je n'aimais guère rester là-bas, dans cette maison vide que je ne me donnais même pas la peine d'habiter. Je ne nettoyais rien, mais ne salissait rien non plus. Je préférais de loin venir ici, sur la plage.

J'avais enfilé un jean, un t-shirt, mes petites bottes noires et mon manteau de cuir. La base. Puis, j'avais quitté sans verrouiller derrière moi, espérant vainement que quelqu'un viendrait mettre le bordel dans cette maison. Tout était trop parfait ici, ça me faisait étouffer au point où j'avais envie d'un malheur. J'avais envie d'attirer à moi un peu d'action, un peu de raison de vivre, de défendre ma vie. Mais, en attendant, j'avais simplement gagné la plage, à pied. Mains dans les poches, le regard sombre. Je n'avais pas envie que l'on me parle, pas envie que l'on vienne me demander ce que je pensais de la température ici. Je n'étais pas là pour me faire des amis. J'attendais de pouvoir partir, tout simplement, et mon affection pour la plage était une conséquence logique de cette envie d'évasion. J'espérais toujours qu'au loin, dans les flots du grand large, je verrais apparaître un navire. Même un petit bateau de pêcheur ferait l'affaire en vérité. Je voulais simplement partir et je l'aurais probablement fait en radeau si nécessaire.

Malheureusement pour moi, la mer demeurait sourde à mes supplications. Je me retrouvais simplement là, toute seule, le vent du grand large me fouettant les joues à rentrer la tête dans les épaules pour me garder du froid. Poussant un soupir, il ne me restait plus qu'à marcher le long de l'eau, regardant les vagues glisser sur le sable et mourir peu avant mes pieds. Quel ennui. Il n'y avait rien à faire ici. Rien à accomplir. Rien à acquérir. Rien pour quoi se battre sinon la liberté. Et encore, ce combat semblait perdu d'avance ou, à tout le moins, c'est ce qu'il m'arrivait de me dire. Je n'osais parler de mes pensées à autrui, de peur d'être sous écoute. Je n'osais formuler des plans, de crainte de mourir en mer ou de soudainement disparaître sans explications pour avoir tenté de me rebeller. J'étais malheureuse, mais pas encore désespérée au point de tout risquer.

Je poussai un nouveau soupir et, à cet instant, remarquai une anomalie sur la plage. Enfin, le terme était sans doute un peu dramatique. L'essentiel, c'est que je n'étais pas seule. Un individu que je ne connaissais pas, probablement un autre prisonnier de cette île, était là, allongé sur le sable. Et lui, visiblement, n'en avait que faire que ses souliers soient trempés. Devrais-je le contourner ? Je n'avais pas forcément envie de faire connaissance ou de taper la jasette. Quoi que le fait qu'il dorme là, sans être dérangé par les vaguelettes frappant ses pieds, avait de quoi inquiéter. Peut-être devrais-je faire un effort, simplement pour avoir bonne conscience.

« Hey oh, ça va ? Are you okay ? »
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Mar 25 Sep 2018 - 19:30
Tu avais envie de lui répondre des tas de choses. Peut être pas vraiment ce qu'elle avait envie d'entendre. Car franchement, qui demandait si ça allait pour s'entendre répondre tous les malheurs de ta vie ? Personne. Et même toi au fond à cette question tu veux entendre "ça va". Pas le pourquoi du comment tu t'es retrouvé ici les pieds dans l'eau sans rien à foutre d'autre que regarder les vagues essayer de t'avaler avec des petits ricanements chelous.
Quoique si, tu serais prêt à écouter tous les malheurs du monde venant de ceux qui sont proches de toi. Mais c'est tout, les autres honnêtement ça te toucherais pas plus que ça. Tu fis quand même l'effort d'entrouvrir un œil, accueillant le bleu du ciel avec un hmm contemplatif, une semi réponse pour la patience de la femme juste à côté de toi, un premier jet de ce que tu allais lui répondre, histoire qu'elle n'ai pas l'impression de parler à un caillou. Tu remuas les pieds, sentant les chaussettes mouillées coller à ta peau avec cette sensation désagréable qu'on avait lorsqu'on était restreint. Mais toi tu t'en fiches et vérifies juste que tes orteils sont encore là avant de cligner paresseusement des yeux, orientant tes pupilles vers la femme ayant eu le courage d'approcher ta forme vautré au milieu de la plage. « 'llo. » tu prononces difficilement, ta bouche pâteuse et ta langue lourdes d'un long silence. Tu fronces les sourcils comme un ours grognon à ce constat et fait cliquer ta langue contre ton palais pour te réveiller un peu. « I'm okay, sorry. » tu prononces la phrase correctement cette fois et sembles satisfait avec toi même. Ceci fait, tu t'intéresses à ton interlocutrice, conscient d'avoir parlé anglais pour matché la langue de la dame. Au moins il y aura pas de 'quoi ?' en mode elle a pas compris quand tu parles italien.
Tu es perspicace et perceptif des autres et tu observes un certains moment celle qui a eu pitié de toi. Tu tapotas alors le sable à côté de toi, sec et réchauffé par le soleil. « Et si tu t'asseyais ? » tu continues toujours en anglais parce que, hey, pourquoi changer alors qu'elle semble la parler ? Tu adoucis le coin de tes yeux et de tes lèvres, un sourire paresseux mais sincère lui es alors offert. « T'inquiètes je ne vais pas t'interroger sur ta vie. J'vais même pas te demander de parler si tu veux pas » il haussa les épaules « Mais rester seule pour mâcher tes pensées sombres c'est pas ce que conseillais mon thérapeute. » et en sachant que ton thérapeute c'était un ours en peluche dans un magasin devant lequel tu passais souvent en italie, l'idée de le pointer à ton interlocutrice, était-ce réellement une bonne idée ? Peut être, peut être pas. Elle ne savait pas qui tu étais. Et toi tu savais qui elle était. Enfin, tu savais qu'elle faisait partie du système de l'île contrairement à toi. Mais comme elle ne savait pas pour toi, tu ne t'inquiétais pas. Tu tendis ta main pour qu'elle la sert quand tu te présentas. « Je m'appelle Orazio, enchanté Miss. »
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Mar 25 Sep 2018 - 20:08

Je ne savais pas trop à quoi je m'attendais, en vérité. Ni même si je m'en souciais tant que ça. Enfin, oui, quand même. Un peu. Je n'étais pas une mauvaise personne, je ne souhaitais pas le malheur à autrui. Je n'avais simplement plus autant d'énergie à consacrer aux autres qu'avant. Et donc, dans les faits, je voulais simplement savoir si ce type allait bien et, après, j'avais dans l'intention de poursuivre mon chemin. Ainsi, lorsqu'il se redressa finalement, je me contentai de l'observer sommairement pour voir s'il n'était pas blessé ou quoi que ce soit du genre. Selon ses dires il allait bien, c'était assez pour moi. Mais ça, c'était sans compter sur le brun qui, visiblement, avait d'autres projets pour moi. D'une main, il tapotait le sable, alliant ensuite la parole au geste. M'asseoir ? J'eu un mouvement de recul, mon regard se faisant particulièrement sceptique.

« Why should I ? »

Pourquoi devrais-je ? Pourquoi m'asseoir avec lui sur la plage ? Ce à quoi il m'offrit un sourire. L'homme semblait calme, détendu, pas stressé pour un sous. Une attitude qui donnait envie, je devais l'avouer. Pas de pression, pas de stress. Juste une plage et un inconnu. Selon ses dires je n'avais pas à m'inquiéter, il ne voulait pas m'interroger sur ma vie. Encore heureux, je n'aurais pas eu grand chose à lui dire. Je ne serais même pas obligée de parler du tout, si ça ne me disait pas. Là, il m'intéressait. Le silence, ça m'allait très bien, inutile de le nier. Puis, le petit ajout qui faisait mal : rester seule à mâcher mes pensées sombres n'était pas une bonne idée, selon son thérapeute. Je me renfrognai sous l'effet de la gêne, presque de la honte. Il avait raison, et en double. J'avais des pensées sombres et, objectivement, l'isolation n'était pas une bonne idée. Sans doute est-ce pour cela que je me laissai tomber dans le sable, à environ deux mètres de cet inconnu, en position assise. Je ramenai cependant mes jambes contre moi, entourant mes genoux de mes bras avant de laisser mon regard vagabonder vers le large.

J'espérais qu'il en serait satisfait, qu'il me laisserait tranquille et que je pourrais simplement profiter d'un moment de tranquillité, mais en même temps était-ce vraiment ce que je voulais ? Si tel était le cas, ne serais-je pas simplement partie ? Peut-être que, au fond, une partie de moi fut soulagée, lorsqu'il me tendit la main. Je lui jetai un oeil incertain, interdit, alors qu'il se présentait. Orazio. Voilà qui avait quelque chose d'exotique, pour moi en tout cas. Je me demandais d'où il était originaire, ce qu'il avait laissé derrière lui, ce qu'il avait trouvé ici. Vivait-il cet emprisonnement mieux que moi ? Considérant l'état dans lequel je l'avais trouvé, le doute était permis. Désireuse de nouer un lien avec une personne souffrant potentiellement d'un mal similaire au mien, qu'il soit réel ou imaginé par mes soins, je lui serrai la main.

« Nice to meet you. »

Ravie de te rencontrer. La politesse aurait sans doute voulu que je me présente. Fort probablement même. Mais, juste comme ça, je n'en avais pas envie. Miss. Ça sonnait bien. J'aimais me faire appeler comme ça. C'était un peu spécial, mais en même temps pas tant que ça. Sans doute donnait-il ce surnom à toutes les jeunes femmes dont il ne connaissait pas le nom. C'était toutefois un fait que je préférais occulter volontairement. J'étais tellement désespérée de trouver un sens à ma présence sur cette île que de m'imaginer être la seule et unique Miss qu'il connaisse avait quelque chose de réconfortant. Mais peut-être, au fond, était-il une mauvaise chose d'imaginer cet inconnu plus que d'apprendre à le connaître ? Peut-être devrais-je, moi aussi, faire un effort ?

« Do you like the sea ? »

Aimes-tu la mer ? Question stupide, totalement aléatoire. Ce n'était pas ce que je voulais lui demander, loin de là. Mes iris brun-rouge fixaient la mer et je me demandais s'il avait une vie en dehors de cette île, si on lui avait attribué une âme soeur, s'il peinait à trouver le sommeil comme moi. Tant de choses que j'aurais voulu lui demander, mais que je ne pouvais pas me permettre de formuler. Je ne savais pas comment le faire, je ne savais pas si je voulais le savoir ou si, au contraire, je voulais continuer de m'imaginer qu'il soit comme moi. Dans le doute, c'est cette question inoffensive qui était sortie de ma bouche. Mais, au fond, y a-t-il vraiment une mauvaise façon d'apprendre à connaître quelqu'un ?
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