Le concept d'intimité, ça a pas l'air de parler aux gars du cfr... Ils vont me rendre cinglée, moi!
A tree is a good place to be alone.
Le concept de la maman-poule n'est pas tout nouveau. C'est une chose fréquente, d'ailleurs. Que feriez-vous si vous veniez d'avoir un enfant, n'y connaissiez rien en éducation mais aviez terriblement peur que celui-ci finisse par devenir une petite racaille de cité, puis un dealer, puis par se faire descendre? Avec cette perspective en tête, vous vous sentiriez sans doute dans l'obligation de materner plus que nécessaire votre enfant. Certains parents sont prêts à tout: caméras dans la maison, système de pistage sur le téléphone des enfants, ... Aprill n'avait jamais rien vécu de tel. Pour tout dire, c'était même l'exact inverse. Ses parents n'avaient jamais tenté de s’intéresser à sa petite vie, qu'elle avait toujours mené comme elle l'entendait. Ensuite, ils étaient morts. Et là, ils ne risquaient plus de s'intéresser à elle! Forcément, le contraste avait été fort lors de son arrivée à Sindety. Passer d'un environnement où l'intimité est la norme et où le champ de vos possibles est sans limite à une île perdue, coupée du monde, et couverte de caméras à chaque recoin... Cela fait son petit effet. Aprill ne pouvait pas s'empêcher de se demander si elle était filmée en toute situation. Aux toilettes, frustration, impossible de faire sa petite commission en se sentant observée. Sous la douche, non ils n'ont pas osés! Et dans sa chambre, d'ailleurs? Pouvait-elle se sentir seule dans sa propre chambre? Elle avait des doutes. C'était ainsi que l'idée de partir en excursion en quête d'un endroit calme, sans caméras et possiblement inexploré lui était venue à l'esprit. La ville? Elle en avait déjà fait le tour. C'était parti pour une longue balade en forêt! Un short en jeans, un débardeur, des chaussures montantes avec de bonnes semelles, un casque sur les oreilles et un sac à dos rempli de bonnes choses à manger, de livres pour s'occuper, d'un pull au cas où le froid viendrait et de quelques autres bricoles... Et en route! Aprill avait cherché un moment, elle s'était enfoncé au plus loin dans cette forêt où même les arbres avaient peu être des yeux braqués sur elle. Elle avait choisi un arbre, haut et solide, ne restait plus qu'à y monter. Un moment plus tard, lorsqu'elle se trouva assez haut pour avoir l'impression d'être enfin seule, elle trouva une position confortable, choisit une chanson plutôt calme et sortit un livre ainsi qu'un paquet de snacks à grignoter. Il s'écoula un certain temps pendant lequel la jeune femme ne bougea que pour attraper un bonbon dans le sac ou tourner la page de son livre. Celui-ci tout juste fini, elle eut une petite soif et voulu sortir de son sac une bouteille d'eau, mais celle-ci ne manqua pas de lui glisser des mains. Zut. Espérons que personne n'avait eu la même idée qu'elle et ne s'était alors retrouvé en dessous à ce moment!
Elle devait sortir, prendre l’air. Pour échapper à son “âme-soeur” (quelle blague), mais surtout pour visiter les lieux, trouver une faille, un endroit sans caméra où elle ne se sentirait observé comme un vulgaire animale. Il y en avait jusque dans la forêt, c’était certain. Voir à quel point le gouvernement pouvait être pervers la dégoûtait… Bien qu’elle était mal placé pour le juger. Mais elle le faisait tout de même. C’était après tout un de ses nombreux talents.
Alors qu’elle observait les environs - des arbres à perte de vue, rien de bien intéressant - un bruit attira son attention. Prudemment, elle s’approcha de la source, et remarqua une bouteille d’eau au milieu des feuilles. Doutant du fait que l’objet poussait dans les arbres - l’idée était stupide - elle leva les yeux pour chercher le propriétaire du regard. Ainsi, elle finit par repérer une jeune femme, et Nikita se demanda si elle cherchait la même chose qu’elle. Si c’était le cas… Se faire un allié dans cette île n‘était pas de refus. Fière manipulatrice, un sourire hypocrite fit apparition sur ses lèvres alors qu’elle s’adressa à cette nouvelle rencontre.
-Bonjour… Vous aussi cherchez la tranquillité de la forêt ?
Le sous-entendu était clair : elle lui demandait si, comme elle, elle cherchait un coin où elle ne serait surveiller. L’avait-elle trouvé, en haut de cet arbre ? Si la personne se montrait assez sociable, elle pourrait lui demander.
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