- J'pense que discuter est une meilleure option, répondit-elle en haussant les épaules. Les dossiers que je lis, d'habitude, ça raconte pas des choses agréables.
- Oh ! Tu lis des dossiers pour ton travail ?
Elle se mit à réfléchir sur quels types de jobs pouvaient avoir des dossiers avec des choses « pas agréables » d'écrites dedans. En médecine ? Elle observa la femme en face d'elle. Certes, il ne fallait pas juger quelqu'un sur le physique, mais vu la manière de parler et de se comporter, Anna ferait un médecin très... Original.
Elle n'eut guère le temps de s'égarer plus, son interlocutrice continuait avec la conversation.
- Mes excuses, je pensais que quand on faisait des études littéraires en anglais, c'était un classique...
- Oui, c'est vrai, mais je fais des études de littérature française ! Et puis, je ne pense pas qu'à présent, ce soit humainement possible de lire tous les livres classiques, surtout si on ne veut pas se contenter que d'une seule culture. J'aimerais aussi lire plus de classique provenant d'Asie !
Mais Lauryn ne savait pas quoi répondre après la grande tirade. C'est vrai que sa philosophie de tout accepter était spéciale et peu commune, elle n'espérait pas convaincre qui que ce soit de penser comme elle. Cependant, sans s'en rendre compte, elle avait été vraiment insensible et avait sans doute blessé sa colocataire. Cette dernière était totalement contrariée par la situation et ce n'était pas bizarre, au contraire. Lauryn lui aurait bien demandé ce qu'elle comptait faire pour remédier à cette situation.
Les personnes les ayant amenées ici avaient clairement les moyens et sans doute les hommes qui allaient avec pour être sûr que tout ce passe bien. Ici, il n'y avait pas d'arme et s'ils commençaient à construire un bateau ou des armes, cela ne se ferait sans doute pas sans difficulté. Elle n'avait pas envie de mettre en jeu sa sécurité pour quelque chose qui ne la dérangeait pas tant que cela.
- Je vais prendre celle-là.
Elle désigna la chambre légèrement plus petite que l'autre qui n'avait pas la vue sur la plage. Le temps qu'Anna trouve une solution, être dans la meilleure chambre, bien qu'un détail, puisse être un plus pour le moral.
- Hum... J'ai un peu faim, je peux préparer quelque chose... Ça te tente ?
L’innocence de la question fit sourire la jeune femme. Elle hésita sur ce qu’elle devait répondre. Même s’il était évident qu’il valait mieux ne rien révéler, son cœur lui dictait de faire quelques concessions. Ce lien, peut-être ? Foutu Fil Rouge. Elle haussa les épaules.
- Oui, je lis des dossiers criminels. C’est pas très joyeux. Je suis flic, tu sais. Au FBI. C’est pas des petites affaires.
Voilà. Elle lui avait déjà dit, lorsqu’elle s’était présentée, mais Lauryn n’avait pas dû le retenir. Elle ne savait pas trop comment l’australienne allait réagir : quand on était étudiante en lettres, la vie était sans doute plus rose que quand on abattait des chiens de garde de la pègre. Enfin, inutile de commencer à détailler toutes ses aventures. Un jour, peut-être.
Lauryn lui apprit ensuite qu’elle faisait des études en français, mais qu’elle ne pouvait pas lire tous les classiques. Anna haussa un sourcil.
- De français ? Il faudrait que j’apprenne cette langue… Et toi, tu devrais lire ce bouquin d’Orwell. Dans la situation actuelle, ce serait… enrichissant.
Suite à ses paroles un brin violentes, l’Australienne n’osa rien répondre, affichant une mine penaude. Anna se relâcha légèrement. La voir dans cet état la mettait mal à l’aise. Et ce n’était pas du tout normal. Bordel, ce foutu lien allait vraiment lui causer des ennuis.
Elle soupira, secouant la tête, et reprit d’un ton plus léger :
- Parlons d’autre chose, tu veux.
« Je règlerai cette affaire de Fil Rouge plus tard ».
Inutile de bassiner une jeune fille si menue avec des idées si brutales. Anna n’avait même pas encore découvert la ville, autant se familiariser d’abord avec son entourage. Rentrer dans la masse. Se fondre dans le décor. Et cela commençait par se faire apprécier de sa colocataire.
Lauryn désigna la plus petite chambre, lui laissant la plus grande. Anna se surprit à sourire. C’était si… mignon. Comme une tentative de pardon. Elle hésita un instant à accepter, sachant qu’elle ne serait pas souvent dans sa chambre, mais finit par acquiescer. Si ça pouvait rassurer la jeune femme…
- D’accord, ça me va. - Hum... J'ai un peu faim, je peux préparer quelque chose... Ça te tente ?
Anna regarda sa colocataire avec une légère surprise tant la question lui semblait soudaine. Mais elle se souvint qu’il devait être près de 20 heures. Elle n’avait pas spécialement faim, mais cela soulevait un autre sujet qui pouvait avoir son importance.
- Si tu veux. T’sais, je peux cuisiner aussi, suffit de demander. Il doit y avoir des restaurants partout, donc je peux manger là-bas aussi. Je suis pas très difficile niveau nourriture.
Elle se dirigea à nouveau vers la cuisine.
- Enfin… je sais pas ce qu’il y a de base dans ces placards.
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